Description
Quatre femmes : Claudine, Emmanuelle, Monique et Anne témoignent des viols commis par leur père ou grand-père pendant leur enfance. Ces femmes d’âges et de milieux sociaux différents se retrouvent chaque semaine dans le cadre du groupe de parole de l’association Viols femmes Information (1). Elles travaillent à une lecture croisée de textes – « Images d’enfance » d’Alice Miller, « Le viol » de Suzanne Brownmiller -, et de coupures de presse sur des affaires de viol et d’inceste permet de démarrer un échange parfois difficile, en relation avec l’expérience de l’inceste de chacune. Monique parle en présence de sa mère de son grand-père incestueux. Emmanuelle et sa sœur font un retour en arrière sur leur enfance. L’une victime d’inceste, dit à sa sœur sa crainte qu’elle ait été également abusée par leur père. Elles évoquent le rôle des mères qui peuvent être complices, par leur silence. La parole circule. Les interviews individuelles des femmes, de leur famille, de leurs médecins, de leurs les amis semblent se répondre.
Un camarade de classe de Claudine raconte le changement d’attitude de son amie à l’époque des viols répétés du grand-père. Aujourd’hui, il comprend. Monique, s’arrachait les cheveux sans que personne ne cherche à savoir pourquoi. Anne raconte que lorsqu’elle parla du viol en confession, puis à la mère supérieure de son école en présence ses parents, on lui demande d’oublier, de s’excuser.
Ces femmes luttent pour franchir le pas, se dire que l’on n’est pas coupable, que l’on ne doit pas garder ce crime caché en soi. L’injonction « Il faut oublier » est rejeté par toutes.
En fin de film apparaissent les professions des pères et grands pères incestueux : médecin militaire, colonel de gendarmerie, directeur de société.
Le montage tisse un argumentaire progressif autour de la question de l’inceste sans didactisme, mais avec force. Ce film (2) engagé, militant est utilisé pour des rencontres, des débats sur l’inceste. Il fut diffusé dans le cadre de la campagne nationale (3) contre les violences envers les enfants. Il est devenu un véritable outil de travail pour le collectif féministe contre le viol, un support pour le travail de tous ceux qui se battaient pour que la loi change.
Notes :
(1) En 1986 Claudine Le Bastard et quatre femmes créent le Collectif féministe contre le viol et la première permanence téléphonique » Viols Femmes Information » : 08 00 05 95 95 (n° vert).
(2) Produit avec le concours financier du Ministère de la Santé et l’Action Sociale, Fondation de France, Secrétariat d’Etat aux droits des Femmes, Planning Familial 75 & 93, Fédération de l’Education Nationale, Fondation pour l’Enfance
(3) Le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la solidarité, de la santé et de la protection sociale, Chargée de la famille, Hélène Dorlac, la loi une campagne contre les violences faites aux enfants.