25 avril 2019 aux Ateliers sauvages à Alger : rencontre et projection de films de Carole Roussopoulos

Jeudi 25 avril 2019 à partir de 15h aux Ateliers sauvages d’Alger

programme « Carole Roussopoulos, vidéaste féministe »
Séances présentées par Wassyla Tamzali & Nicole Fernández Ferrer.
Chaque séance est suivie d’une rencontre.

Séance 15h
Genet parle d’Angela Davis
France, Video Out, 1970, n& bl., 7 min
Au lendemain de l’arrestation d’Angela Davis en octobre 1970, Jean Genet lit à trois reprises un texte de dénonciation de la politique raciste des États-Unis, de soutien au parti des Black Panthers et à Angela Davis, pour une émission de télévision qui sera finalement censurée.

Munich coréalisé avec Paul Roussopoulos
France, Vidéo Out, 1972, n& bl., 12min.30,
En septembre 1972, un commando palestinien du nom de Septembre Noir prend en otage la délégation israélienne aux jeux olympiques de Munich. Ce film, qui dénonce l’hypocrisie de cette illusoire « paix olympique », est un montage d’images de la télévision officielle et d’images tournées dans les camps de réfugiés palestiniens de Jordanie en septembre 1971 (Septembre Noir), en pleine répression des populations palestiniennes par les armées du roi Hussein.

Maso et Miso vont en bateau
Co réalisé avec Delphine Seyrig, Ioana Wieder et Nadja Ringart
France, Les Muses s’amusent, 1976, n&bl., 55min,
Le 30 décembre 1975, après avoir vu sur Antenne 2 l’émission gentiment misogyne de Bernard Pivot intitulée « Encore un jour et l’année de la femme, ouf ! c’est fini », à laquelle était invitée Françoise Giroud, quatre féministes détournent l’émission par des interventions humoristiques et impertinentes pour conclure que « le secrétariat d’Etat à la condition féminine est une mystification ».

Séance 17h
Le F.H.A.R. (Front homosexuel d’action révolutionnaire)
France, Vidéo Out, 1971, n& bl., 26min
En 197& à Paris c’es la première manifestation homosexuelle . Elle se déroule à l’intérieur du traditionnel défilé du 1er mai. Quelques semaines plus tard, à l’Université de Vincennes, dans le cadre d’un séminaire de philosophie des militant-e-s du tout nouveau Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire, dont la féministe Anne-Marie Fauret et Guy Hocquenghem discutent avec des étudiant.e.s , des enseigant.e.s.

Christiane et Monique
France, Vidéo Out, 1976, n&bl., 30min.
En 1976, à Besançon, les ouvriers de LIP occupent à nouveau leur usine et relancent la production de montres. Monique et Christiane témoignent de la difficulté d’être femme face aux ténors de la revendication syndicale.

Les travailleuses de la mer
France, Vidéo Out, 1985, coul., 25min.30
Sur le port de pêche de Lorient en Bretagne, près de 800 femmes travaillent, les fileteuses le jour, les trieuses de poissons la nuit. Quelques-unes témoignent des conditions dans lesquelles elles exercent leur métier, des conditions quasiment inchangées depuis cinquante ans…

19h Rencontre : « Caméra au poing : le parcours singulier de Carole Roussopoulos »

Une rencontre ponctuée de nombreux extraits de films de Carole Roussopoulos issus des collections du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir qu’elle a fondé en 1982 avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder. L’histoire d’un engagement politique féministe en luttes et en films, d’une caméra au service des « sans voix », un outil de contestation et de création.
Intervenante : Nicole Fernandez Ferrer , déléguée générale du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir

Séance 20h
Mort des malades, souffrance des soignants
Coréalisé avec Francine Claude-Leyssenne, Anne-Marie Langohr
France, (ANACT), Fédération Nationale CFDT Santé Sociaux, Fondation Européenne pour l’Amélioration des Conditions de Vie et de Travail, Fondation de France, Institut pour l’Amélioration des Conditions de Travail, 1991 coul., 30min.,
A l’hôpital général de Martigues et à l’hôpital universitaire Erasme de Bruxelles, des équipes de soins parlent pour la première fois de leur souffrance face à la douleur et à la mort des malades. Elles expriment leurs difficultés, leur désarroi, leurs peines à l’égard des malades, des familles, des collègues et des médecins et leur besoin d’une véritable formation.

Les Hommes invisibles
France, La Fondation de France, Le Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers de Nanterre, La Fondation Crédit Local de France, 1993, coul., 33min.
Vagabonds, sans domicile fixe, ils sont nombreux à vivre dans l’errance. à l’initiative de Xavier Emmanuelli, le CHAPSA (Centre d’Hébergement et d’Accueil pour les Sans Abri) de l’Hôpital de Nanterre assure, en milieu hospitalier, des services d’accueil et de soins aux plus démunis. Ce film a contribué à la création du Samu social.

Je suis un être humain comme les autres
Sur une idée de Jean-Marc Dupont
Suisse, FOVAHM et Carole Roussopoulos, 2006, coul., 36min
La FOVAHM (Fondation Valaisanne en faveur des personnes handicapées mentales) accueille plus de 270 personnes dans ses lieux de vie (homes et appartements), ses ateliers d’occupation et ses centres de formation. Les thèmes du logement, du travail, des loisirs, de la formation, de l’intimité, des rapports humains et de la politique sociale en lien avec les personnes handicapées mentales sont abordés par les personnes en situation de handicap.

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Carole Roussopoulos, vidéaste féministe

Carole Roussopoulos découvre la vidéo à la fin des années 60 avec l’apparition du Portapack, première génération de caméra vidéo portables.
Née de Kalbermaten à Sion en Suisse en 1945, décédée en 2009, Carole a réalisé plus de 100 films documentaires.

« La vidéo était vraiment l’outil idéal pour donner la parole. (…).C’est comme si « Monsieur et Madame Sony » m’avaient fait un outil sur mesure, qui a déclenché cette envie que j’avais déjà en moi de lutter à ma façon contre différentes injustices. Ce que j’aimais dans la vidéo, c’était aussi qu’il n’y avait pas de pression, et la cassette ne coûtait pas cher. J’assimile plus mon travail à des tracts-vidéo, des petits cris, de petites alertes, et c’est aussi pour cette raison que la bande n’a pas besoin d’être très longue, parce que je n’ai jamais eu la prétention de résoudre un problème, ou d’achever une analyse. C’est un cri, et après les gens pensent ce qu’ils veulent. J’aime beaucoup ce côté très modeste de la vidéo. » (Carole Roussopoulos – entretien réalisé par Dario Marchiori Les 2-3 mars 2009 à Molignon (Suisse) chez Carole et Paul Roussopoulos)

Dès sa première bande vidéo Genet parle d’Angela Davis (1970), filmée avec Paul Roussopoulos, Carole est du côté des insoumis.e.s. Avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder, elle crée le groupe Les Muses s’amusent qui détourne une émission de télévision réalisant Maso et Miso vont en bateau (1976). Avec Delphine Seyrig, elle filmera à Paris et Los Angeles Sois belle et tais-toi ! (1975-76) et co-réalisera l’irrévérencieux SCUM Manifesto (1976).
Comme le souligne Giovanna Zapperi, professeure en Histoire de l’art contemporain, ces productions sont « exemplaires d’une pratique de la désobéissance qui prend forme à travers un usage politique de la vidéo, capable de faire dialoguer l’humour, la critique sociale et l’émergence d’un regard féministe ».
En 1982, Carole Roussopoulos fonde avec Delphine Seyrig et Ioana Wieder le Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, premier et unique lieu d’archives audiovisuelles consacré aux femmes, à leurs droits, leur création, leur histoire.
Carole donnera la parole aux hommosexuel.le.s du FHAR, des femmes prostituées en lutte, aux mères de militants basques assassinés par le régime franquiste, à des jeunes femmes victimes d’inceste, des travailleuses de la mer, des soignants et des malades, des jeunes incarcérés, des femmes immigrées qui se battent pour leurs droits.

Nicole Fernández Ferrer
Déléguée générale du Centre audiovisuel Simone de Beauvoir, Paris
Mars 2019

Publié par Centre audiovisuel Simone de Beauvoir